à peine perdu(e)
(cliquez)
samedi 18 mai 2013
mardi 14 mai 2013
boutonnier / delabranche _ paroles
je suis curieux ces mots distants
qui ne disent rien _ pourquoi ?
rien à personne rien face à ce qu'on
met dedans distants de soi même et des autres distants comme
nécessaires pour ne pas être en dedans
dois-je comprendre quelque chose comme
creuser un écart, "ne pas être dedans" : écrire pour ne
pas coller à, plus que pour communiquer ?
écrire pour se découvrir être écrire
pour effleurer celui qui écrire sans finir se laissant de côté
écrire pour taire ne plus jamais crier
ce serait comme fuir de ces phrases
sans majuscule ni point toujours fuir laissant ouvert l'horizon des
mots cet horizon plus que lointain
ce serait comme se mettre à distance
se préserver chercher en soi communiquer certainement pas juste
partager peut-être et seulement parfois
oui je comprends. écrire partage : non
pas un qui lit un qui écrit, mais deux (ou plus) qui regardent
ailleurs ensemble...
écrire à se taire comme se soûler
de_soi écrire pour passer de l'autre côté de_soi écrire et dire
ce qu'on ne sait pas de_soi
lire écrire : expérience qui ouvre
défait déballe désembobine creuse déstabilise... parfois oui
ouvre sur un lien, une rencontre
quelques bribes d'on-ne-sait-trop-quoi
qui s'effilochent en se nouant... et ça parle et nous fabrique un
peu... et tout est à recommencer.
soi écrire : sans doute retourner sa
propre peau et constater le vide dont nos os sont l'écho. soi écrire
oui : briser ce masque qui ne cache.
écrire pour dire se dire et écrire
pour découvrir ce qui au fond de soi est aussi à un autre qu'à soi
sans le savoir juste le deviner
rien, cette aurore qui s'essore sur
rien, écrire pour cela, ce jour vide en nous qui regarde dans nos
yeux et s'étonne des espaces devant.
ce masque qui ne cache pour l'autre que
soi tant à écrire mieux on se voit
écrire oui ce vide qui nous lie tous à
chacun, c'est le fonds commun, la terreur, le trésor, écrire vers
cet élan, ce passage, cet expir.
oui s'ouvrir espace immense se
découvrir autant ne pas en revenir y rester même survivant _les
mots distants de tant de soi qu'on perd pied
mais comment ne pas finir quand la voie
est tracée alors partir laisser de côté oublier pour finir et
recommencer _je voudrais ne jamais
savoir comment faire me perdre à
chercher avançant sans douter et prêt à parler me taire me terrer
enfoui dans les mots silence gardé
se voit sans netteté sans contour sans
rien que l'ordre d'un nom barbelé, doux, ruisselant
ces mots distants qui ne disent rien
la trace oui comment la perdre à
chaque fois, renouveler la désorientation propice au visage à
nouveau, à sa parole en morceaux, ce vent
ces mots qui désignent l'ouverture de
rien
ces mots qui nous perdent plus que
moins
ces mots nos pores en orbites
mots perdus
qui gravitent
silence du mot
qui clôture
si lent le mal à clore
à l'orée muselle à vif le seuil
béant
et la voix et les heurts de monter à
sang
je n'ai rien abandonné qui ne soit pas
béant feuilles mots néant simple échancrure simple cri simple
pliure simplement dit
on fatigue on prétend on exige on
dément on répète on insiste on perd on persiste regarde comment
ils font ils disparaissent profond
mais rien ne le dit que nos mains ici
nos yeux creusent l'oubli tremblé sous
la voix du fond
on édifie l'orbite poudreuse le relais
que fuit l'orage chaque veine oui nos mains ici dé-ploient sous le
tranchant de l'invite : le sang feu
on joue on gît parmi
et puis jamais l'ombre dans l'embrasure
ne cède
on écoute se lasser l'incessant en soi
paupières neige aveugle joie - il y a - dure et puis l'incise
barbelée défait le vif on insiste
on s'étend on patiente on pause
on reprend
on revient déjà de tant
lentement
c'est la lumière qui change les heures
et seulement _le corps plie le cou tombe la main tire à terre la
pierre et le lit
tu vois je disais laisse filer les mots
distants ceux qui s'échappent et te fuient ceux qui perlent chaque
instant de ta bouche néant
laisse filer
et entends
comme on mord l'errance ensevelie dans
les hauts du vent
respire l'ascension_creuser la poudre
motrice et ta voix si lasse après l'air déchiré_ laisse
l'inconsolé filer la trame
tu vois c'est simple
ta main pense pour toi
chevillé sous l'aura des patiences
attends ce laps débordé
vois l'astre et le lait dans l'asthme
de ton pas
mon ami ne me feule au néant voisé
mon ami joue blanc qu'on respire
ce n'est pas tant un trou où tomber
qu'un fossé le pas chancelant la tête trop haut levée se perdant_
ce n'est pas vaciller mais s'écrouler
lourdement tomber de son long ailes déployées ventre rond et rouler
infiniment_
ce n'est pas se voiler vraiment_
c'est perdre pied perdre tant faillir
s'effacer effleurant le temps oublier l'idée finir le chant pousser
l'air laisser fuir tu comprends
c'est reprendre souffle seulement
je comprends c'est perdre oui
qu'ondulent les paupières à même l'incertitude
c'est mon ami pleurer l'herbe ravagée
d'innocence
ce n'est pas nouer nos veines autour de
l'eau non c'est respirer la crue du sang-joie vers l'irrémédiable
je voudrais me noyer dans le blanc
perdre haleine me jeter à l'eau étirer le temps
je voudrais peindre la ville de gris
prendre le sang des hommes tirer la toile étendre les bras au vent
je voudrais lancer des pierres des
fenêtres creuser la terre de cratères plier le sol ouvrir d'autres
champs
je voudrais les faire disparaître un à
un eux et tout ce qu'ils portent à chaque main
je voudrais effacer leur visage tendre
au lisse au blanc jeter à terre ce qui les dresse tant
je voudrais un temps encore rêver un
monde autrement
ces mots distants qui ne disent rien
(échange in progress entre julien boutonnier et moi-même_ publié avec son accord_ 2013)
vendredi 3 mai 2013
partout
18:45 fdf 1er mai
j'ai marché une heure environ descendant des hauteurs de fort-de-france où on m'avait déposé pour rejoindre l'hôtel respirant l'air chaud et humide de cette fin de journée c'était une belle balade quartiers riche d'abord puis moins puis pauvre avant de me laisser attraper par le damier du centre-ville délaissé de tous boutiques fermées en ce premier mai habitants cloîtrés chez eux logements étroits trois niveaux trois familles à mettre la télé fenêtres ouvertes enfants parfois jouant sur le balcon et si on rentrait par la fenêtre et il enjambe l'allège et disparaît son frère trop petit pour le suivre rentrant lui faire la tête
il y a ici quelque chose de passionnant de troublant de révoltant qui fait naître ce sentiment confus de vouloir aider œuvrer faire et qui en même temps raison retrouvée dicte de laisser comme c'est
au fond des vallées au bord des plages dans la forêt isolée les maisons tombent en ruines mais des ruines habitées voitures anciennes autour disséminées attendant que le végétal les digère aidé des hommes qui dessus récupèrent ce qui à d'autres manque des voitures comme les ruines d'une époque révolue et les maisons de s'affaisser dans les cours d'eau qui après les pluies se font torrents balayant tout puissamment et les vagues rognant la chair mettant à jour de fins os de béton que le sel de la mer gonfle gorge fer à vif que le sang de manquer alors qu'au-dessus la maison déjà de tomber et l'humidité partout la même que la forêt tropicale concentre retient diffuse maisons noires écroulées partout oui la même odeur de pauvreté de gens vivant de la pêche que l'on mange ou des fleurs volées tentant de les vendre qui ne met dans leur poche que de quoi acheter à l'épicerie du village volets ouverts sur un dédale de rayonnages et où l'on vend de tout gaz bière fruits et conserves et si tu es près de l'église les cierges pour une vie meilleure que le stricte nécessaire que tu pourras ranger comme tes quelques pièces de monnaie dans ta poche après
partout des gens sous les abris devant les maisons les boutiques partout des jeunes hommes à parler boire fumer quoi d'autre à faire et les filles et les femmes de grossir ne mangeant que le moins cher le sucré quand on pense que les fruits de pays sont ici plus chers qu'en métropole reste les brioches les boissons aromatisées et les burgers qu'on peut se payer
je suis descendu au bistrot rez-de-chaussée de l'hôtel des grilles là où on imagine des vitres et l'air que la pluie a rafraîchi pénètre jusqu'à moi à l'intérieur assis partout ça parle créole mots d'anglais de français et d'afrique m'a-t-on dit sorte de langage phonétique où chaque simplification semble faire écho au langage texto
gcri
je n'ai pas mangé hier soir peut-être ne mangerai non plus ce soir l'air ne s'y prête pas qui trop lourd trop d'eau en-dedans air liquide perlant
j'ai gardé sur la peau avant-bras cou visage les couleurs du soleil brûlant des caraïbes et regrette de n'avoir pu mettre qu'un bras au dehors de l'habitacle de la clio ou de ne pas avoir conduit l'alternance aurait équilibré l'écrevisse et il y en avait partout avant ici
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